vendredi 15 avril 2011

Retour


Je t’aime.

Pour tes couleurs enflammées qui réchauffent mon cœur alors que le froid s’installe.

Pour toutes ces personnes qui croisent mon chemin et me rendent mon sourire béat.

Pour la beauté que tu possède mais que tu ne dévoiles qu’à ceux qui ont la patience de la découvrir.

Pour ton mélange de styles, d’odeurs, de visages, qui s’entremêlent afin de former le plus impressionnant des mosaïques.

Pour tes festivals en pleine rue où l’art nous rattrape de tous bords tous côtés, où la joie se diffuse …

Pour tes restos bondés où l’on refait le monde soir après soir, verre après verre.

Pour ta simplicité, et ton manque flagrant de tête enflée.

Pour ton unicité et ton manque de conformité.

Pour ce que tu es, et non ce que tu pourrais être.

Montréal, je t’aime.
Et reviendrai toujours.

dimanche 10 avril 2011

Top 10 du Backpacking

1-Faire sa lessive avec du Head & Shoulders. Parce qu’il y avait une bouteille gratuite dans les salles de bains communes. Et parce que ça sent bon.

2-S’obstiner avec un vendeur ambulant sur un prix, car il ne veut pas vous accorder le rabais de 10 bath que vous vous êtes mis en tête d’obtenir. En oubliant que 10 bath, cela vaut ...30 cents.

3-Se rendre compte que vous connaissez mieux la ville dans laquelle vous venez d’atterrir que le chauffeur de taxi. Qui, d’ailleurs, ne sait pas lire une carte et vient de vous faire tourner en rond pendant 30 minutes. À vos frais.

4-Perdre toutes ses illusions face aux transports. La moto faite pour accueillir deux personnes, c’est un mythe. En Asie, au moins 4 personnes peuvent s’y entasser, sans compter le bébé qui peut être tenu dans un panier. Et le bus scolaire, ce n’est pas pour les enfants. Cela a été inventé pour transporter des poules, les légumes du marché, des boîtes de vêtements, quelques chaises, et trois personnes par banc s’il vous plaît.

5-Marcher pendant cinq heures sous un soleil de plomb, traverser une jungle, pour enfin arriver dans ce village supposément perdu…où Rihanna joue à fond. Et où l’unique restaurant du coin sert de la pizza et des frites.

6-S’habiller d’une manière telle que si on se trouvait dans notre propre pays, les gens se retourneraient et nous dévisageraient étrangement en nous voyant passer. Et se trouver cool, ainsi accoutré.

7-Votre définition de l’hygiène qui prend le bord. Manger de la nourriture de rue sans arrière pensée. Cette brochette de porc ayant passée la journée (ou la semaine?) dans une humidité accablante? Bah, une fois sur le feu, les microbes meurent…non? Et puis, les monstrueuses coquerelles qui se promènent autour ne sont pas si montreuses que cela tant qu’elles nous touchent pas, n’est-ce pas?

8-Passer six heures sur le pont d’un bateau, sous un ciel agité, dans une mer déchainée, mouillé jusqu’aux os. Arriver à son «guesthouse» et constater qu’il n’y a pas d’eau chaude. Parfois, une douche glacée, ça n’a pas de prix.


***Spécial Aussie***

9-Discuter très sérieusement avec des Australiens soûls des vertus du Vegemite (pâte à tartiner salée brune foncée à base de levure de bière) et y goûter (!!!), ce qui témoigne de votre propre niveau d’intoxication.

10-Réaliser que chaque personne qui s’exprime de manière anormalement forte dans un bar, un bus, ou au coin d’une rue, est nécessairement Australienne. Ou Canadienne(!).

samedi 26 mars 2011

La bible des backpackers


Il y en a encore pour croire que leur périple est exotique. Certains voyageurs sont encore convaincus de sortir des sentiers battus, de vivre une expérience tout à fait hors du commun, d’être originaux en quelques sortes. Désolé de jouer les rabat-joies, mais la seule chose qui reste unique, peu importe le pays où vous vous trouvez à travers le monde, c’est le regard que vous posez sur celui-ci.

Depuis l’avènement des Lonely Planet et cie, on voyage tous un peu de la même façon. On suit les mêmes itinéraires, on mange dans les mêmes restos chaudement recommandés perdus au fond d’une ruelle, on dort dans les mêmes hostels de backpackers souvent surévalués, on lit notre bible lors de trajets de bus interminables et on s’étonne encore de croiser les mêmes personnes destination après destination. Ah, j’oubliais, on se réunit tous aux mêmes bars pour refaire le monde et partager nos déceptions sur ces endroits que notre cher Lonely nous avait fait jurer de ne pas rater…et qui nous ont laissés, au mieux, tout à fait indifférents.

Ne croyez pas que je crache sur mon Lonely, que je trimballe avec moi et que je ressors systématiquement dès que je suis perdue- que j’ai besoin d’un endroit sympa pour dormir – que je suis tannée de manger aux coins des rues. Lonely Planet a su imposer une manière de parcourir le monde qui n’existait pas auparavant. Grand bien lui en fasse.

Avant l’apparition de ce guide de voyage, qui est bien plus que cela pour les connaisseurs, on partait à l’aventure, la vraie, avec en poche une carte de la région que l’on voulait visiter. Ni plus ni moins. Une fois sur place, on se débrouillait comme on pouvait. On s’adonnait au langage des signes, on essayait tant bien que mal de se faire comprendre. On ne savait pas trop où aller, mais on y allait de façon bien résolue.

Aujourd’hui, on part avec un plan plus ou moins précis en tête. On sait ce qu’on veut voir et ce qu’on veut à tout prix éviter. On connaît les places «hot», et ceux qui le sont moins. En fait, on croit tellement tout savoir qu’on oublie de se laisser surprendre. De se laisser aller, de fermer le livre, de tout simplement apprécier.

De nos jours, voyager est à la portée de tous. Ce qui l’est moins, c’est le voyage authentique. Lorsque Lonely Planet publie un volume sur l’Afghanistan, difficile de partir à la découverte de nouvelles terres inexplorées.

mercredi 16 mars 2011

Au pays des Khmer

Il y a de ces pays qui cachent des histoires atroces. Qui sont trop terribles pour être vraies. Et pourtant.

L’histoire du génocide cambodgien, mené par Pol Pot à la fin des années soixante-dix, est d’une tristesse infinie. Le quart de la population est mort sous le régime des Khmer Rouge. Un régime possédant une idéologie démente qui me laisse encore bouche bée. Qu’une population ayant passé à travers de tels événements soit si souriante, si accueillante, si heureuse, est presque irréel.

Le Cambodge demeure l’un des pays les plus pauvres au monde. La traite des femmes et des enfants est encore largement répandue. Les orphelinats débordent. Il y a encore quelques années, plus de 2% de la population était porteuse du VIH. Le Cambodge est loin d’être sorti de la misère.

Mais ce n’est pas ce qui intéresse le monde. Les touristes ne pensent qu’à Angkor Wat, à la nourriture délicieuse offertes à des prix dérisoires, aux bars où l’alcool coule à flots, aux jeunes femmes qui se vendent aux coins des rues. Tout le monde sait regarder la misère en pleine face en l’ignorant. Le plus dur, c’est de la prendre dans ses bras, se l’accaparer, pour ensuite essayer de l’éliminer.

Le Cambodge est l’endroit parfait pour commencer. Vous serez totalement charmés.

jeudi 10 mars 2011

Good Morning Vietnam!


Peuple sans réelle identité, qui cherche à s’en forger une par tous les moyens. Peuple tenant à bout de bras un pays meurtri par la guerre. Peuple sans hommes, depuis longtemps disparus sur les champs de bataille. Peuple où les femmes sont surreprésentées. Des femmes vieillies par les catastrophes de leur vie misérable, mais qui restent droites et fortes. Une force presque méchante qui perce leur regard. Une force qui les garde pliées en deux dans les champs de riz du matin au soir. Qui les pousse à transporter sur leurs frêles épaules des dizaines de kilos de fruits et légumes à travers des rues grouillantes.

Peuple pourtant si fier, où perdre la face n’est jamais une option. Où l’apparence prédomine, où la pauvreté reste cachée, presque taboue. Peuple qui ne mendie pas. Peuple qui veut tout vous vendre, à des prix toujours un peu beaucoup exagérés. Ici, la question n’est pas de savoir qui n’essaie pas de vous voler. Mais plutôt qui essaie de vous voler le moins. Car ce peuple ment un peu, beaucoup, passionnément lorsqu’il est question d’argent.

Peuple qui vit sur la mer, de la mer, pour la mer. Qui parfois ne touche jamais la terre. Peuple qui sillonne les eaux de la Baie d’Along ou du Mékong dès le lever du soleil, prêt à toute éventualité, mais surtout à pécher et à marchander. Qui parfois ne survit que grâce aux quelques barres de chocolat et aux quelques canettes de Coke vendues à des étrangers blasés.

Le peuple vietnamien, c’est cela, mais plus encore. Un peu à découvrir, à apprivoiser, à aimer. Un peuple qui ne se laisse pas apprécier dès le premier contact, mais qui sait ne pas se faire oublier. Peut-être parce qu’ils l’a trop longtemps été.

vendredi 25 février 2011

Voyager, c'est...

«Dans les moments plus difficiles, dis-toi que tu ne fais que vivre une expérience, certes désagréable, mais temporaire. Dis-toi que, tôt ou tard, tu retrouveras la normalité de ta vie, alors que ceux qui t’entourent ne connaissent d’autre quotidien que celui qui te fait souffrir au moment même.»

Quelqu’un, un jour, m’a glissé ces paroles. Des paroles qui suivent tous mes déplacements. Des paroles qui me rappellent à chaque fois la chance que j’ai de voyager. Qui permettent de tout relativiser.

Partir vers l’inconnu est certes excitant, mais n’est pas nécessairement synonyme de vacances. Non, ce n’est pas toujours une partie de plaisir. Il n’y a pas que des plages idylliques en arrière plan. Les paysages ne sont pas toujours à couper le souffle. La nourriture est parfois loin de faire honneur à sa renommée. Le Gravol devient souvent votre meilleur ami. Surtout lors d’interminables trajets d’autobus constitués uniquement de courbes au bord desquelles se dessinent des gouffres sans fond. Les imprévus sont nombreux. Les retards réguliers. Les attentes parfois interminables. Mais les gens souvent accueillants.

Voyager, c’est accepter de ne pas avoir le pouvoir de changer les choses. C’est s’adapter, quitte à le faire en rouspétant. C’est ouvrir son cœur et laisser les différences l’envahir. C’est s’asseoir au milieu d’une place bondée, se taire, écouter et observer. Et apprendre. C’est se frotter aux autres cultures et essayer de les comprendre sans juger. Voyager, c’est rencontrer des visages sans nom qui nous marquent à vie avec un sourire, une simple phrase, une belle histoire. Des personnes qui disparaissent aussi vite qu’elles sont apparues, mais qu’on n’oublie jamais.

Voyager, c’est découvrir le monde. Mais c’est surtout se découvrir. Tester ses limites, développer ses forces, enrayer ses faiblesses. Voyager, c’est vivre.

jeudi 24 février 2011

On ne peut toutes les aimer



Il y a de ces villes, de ces endroits, qui s’avèrent plus difficiles à apprécier. Qui refusent de se laisser aimer au premier regard. Des endroits qui nous pèsent, sans trop qu’on sache précisément pourquoi. Des endroits qui aspirent toute notre énergie, qui usent toute notre patience, qui nous poussent dans nos plus bas retranchements. Qui tombent peut-être au mauvais moment. Qui se présentent à nous alors que nous n’y sommes aucunement préparés.

Hanoi.

Des klaxons incessants envahissant les tympans de tous bords, tous côtés. Des motocyclettes à perte de vue n’arrêtant jamais leur course frénétique. Oubliez feux rouges, trottoirs, priorité aux piétons. Des concepts inexistants, inconnus par les conducteurs. Traverser ici se fait très doucement, sans mouvement brusque. Afin de donner le temps aux motos de vous contourner. Il faut s’élancer dans le trafic, ne pas trop regarder, surtout ne pas penser. Sans trop qu’on sache comment, on se retrouve de l’autre côté de la rue. La première fois, on se pince pour réaliser qu’on est bien vivant. Et on recommence. Sans jamais réellement s’habituer.

Un air irrespirable parce que tellement pollué. Qui irrite les bronches dès le premier contact. On en vient à jalouser les locaux et leurs masques qui couvrent systématiquement leur visage. «Excusez-moi mademoiselle, vous n’en auriez pas un de trop sur vous? J’aime bien le style voyez-vous…». Non, elle n’a pas vu. Mes poumons en ont souffert, c’est peu dire.

Un ciel si gris qu’on en oublie les autres couleurs. Parfois, il a fait gris clair. Souvent gris triste. Ce que j’aurais donné pour un peu de blanc neige.

Une agressivité papable chez les vendeurs ambulants. «You buy!!» Et sinon quoi?! Des commerçants cherchant à vous soutirer le dernier dong qui traîne au fond de votre poche. Un climat de méfiance qui s’installe vicieusement, et gâche tout. On pense être capable de ne pas généraliser. Hélas.

Mais il faut l’excuser. Elle n’a pas que cela à faire, nous séduire. Elle est occupée à rouler, s’enrichir, se mondialiser. Se bâtir une personnalité. Elle n’a pas le temps de s’arrêter, il lui faut produire et vendre. Toujours plus, plus vite.

Pourtant, on n’a qu’à lever la tête pour découvrir des beautés architecturales datant de l’occupation française. On n’a qu’à s’armer de patience pour essayer de se faire comprendre et créer des contacts. J’en ai trop manqué. Si vous y allez, soyez-en avisés.

lundi 14 février 2011

Dancing Queen

Impossible de ne pas la remarquer de loin. Elle possède un je-ne-sais-quoi qui fait tout son charme. Des longs cils enveloppent son regard mélancolique. Un sourire forcé toujours présent, comme si sa bouche était incapable de se reposer, d’être tout simplement neutre. Un corps dodelinant, un faible surpoids, derrière lequel se cachent des muscles renforcés par les années d’exercice. Sociable mais à peine, elle se fera plaisir de vous saluer avant de retourner dans son monde dont elle seule semble connaître les secrets. Un monde où elle bouge de droite à gauche, de gauche à droite, sans arrêt.

Elle bouge, elle bouge. Mais non, en fait elle danse, elle danse. Comme une chorégraphie mille fois répétée, pratiquée, présentée. Jamais elle ne cesse son manège. Un pas en avant, un pas de côté, le corps qui suit, et hop, on recommence. Une danse éternelle qui n’a rien de joyeux. Une danse qui la rend malade, mais qui habite ses veines.

Elle danse depuis l’âge de trois ans. Elle en a quatorze. Elle a été entraînée, forcée à danser. Dans un cirque. Soir après soir. Spectacle après spectacle. Privée de nourriture si elle refusait.

Nol-Pui est une éléphante d’une tristesse infinie. Secourue il y a trois ans, Nol-Pui continue à danser. Comme pour faire foi de ses blessures intérieures. Elle regarde dans le vide. Elle entend sûrement encore la musique dans sa tête. Ses bienfaiteurs pensent qu’un jour, elle cessera de danser. Je n’en suis pas certaine.

On dit que les éléphants ont une âme. Celle de Nol-Pui a été tuée par des humains indifférents et sans-cœur. Elle dansera toujours pour nous le rappeler.

mercredi 9 février 2011

Le conservatisme progressiste


La Thaïlande souffre d’une grave phobie des pieds (podophobie). La pire chose que vous pourriez faire, une fois débarqué ici, ce serait de vous assoir en lotus et de montrer la plante de vos pieds au premier passant. Ou de ne pas vous déchausser avant d’entrer dans un temple. Ou de pointer vos pieds vers une minuscule statue de Bouddha. Mais pire encore, vous pourriez essayer de retenir un billet de 500 baths (la monnaie thaï) avec vos pieds, ce qui équivaudrait à piler sur le Roi. Inacceptable, dans un pays ou Bouddha et le Roi sont des êtres vénérés, respectés et admirés. Cachez ces pieds que je ne saurais voir! Cette partie du corps est sale et mérite d’être dissimulée autant que possible, du moins selon la pensée des Thaï. Avis à tous ces backpackers qui seraient tentés d’accrocher leurs souliers à l’extérieur de leur sac et qui se promènraient ainsi, quitte à toucher avec la semelle sale de leur souliers des purs inconnus dans la rue. Si le royaume de Dieu vous reste peut-être accessible, soyez assurés que Bouddha ne considérera même pas votre candidature dans le royaume du Zen.

La religion et le Roi sont omniprésents. Qu’il s’agisse de temples à presque chaque coin de rue, ou des portraits du Roi affichés un peu partout, il est difficile de ne pas saisir la passion que cultivent les Thaï envers ces figures emblématiques.

Et pourtant. Il y a aussi des ladys-boys qu’on retrouve à chaque deux coin de rues. Des hommes qui ont subi des opérations, ou qui sont en plein de processus de transformation pour devenir des femmes. Il n’y a rien de plus acceptable, de plus «normal», si je puis me permettre, que cela. Des parents qui soutiennent entièrement ces transformations, qui payent pour les opérations, qui sont fiers de leur progéniture. À ce point qu’un troisième sexe existe officiellement dans la langue parlée : kathoey. Il y a une façon de saluer, de remercier, de s’exprimer, selon que l’un soit de sexe masculin, féminin, ou kathoey (transgendre). Ce n’est pas au Canada, pourtant une société considérée comme développée, qu’un tel concept serait accepté, ni même considéré. Ici, le sexe ne représente qu’un choix parfois temporel et souvent interchangeable. Aucun préjugé de ce côté.

Comme quoi un pays ne peut jamais être dépeint d’une façon unique. Parfois il est blanc, souvent noir, mais généralement gris feutré.

vendredi 4 février 2011

Same same, but different.



Une symphonie de bruits d’échappements troués, de freins carbonisés et de suspensions rouillées. Des tuks tuks à perte de vue prêts à vous emmener là vous ne l’avez jamais demandé. Des klaxons qui vous rappellent constamment que le risque de mourir écrasé par un quelconque véhicule motorisé est bien réel, et qu’il serait bien étonnant que celui-ci s’arrête le cas échéant.

Dans les rues, les odeurs de friture se mêlent à celle du poisson, du pad thaï omniprésent et des crêpes aux bananes quelque peu brûlées, mais si délicieuses. Des fruits inconnus appétissants attirent votre regard à chaque mètre parcouru. Tout à coup, vous vous retrouvez à essayer cette nourriture de rue, oubliant toute notion primaire d’hygiène. Cette brochette de poulet ayant passé la journée à fondre au soleil? Bah, elle sera bien grillée, aucun microbe ne survit à un certain nombre de degrés…non? Les fruits sont sûrement lavés avec de l’eau filtrée, que les touristes aiment se dire…peut-être que non, mais comment refuser un jus de papaye fraîchement pressé?

Bangkok est cette ville chaotique et polluée où tout est trouvable et achetable. Elle possède un charme certain, mais il faut savoir la prendre telle qu’elle est. Pleine de contradictions. Choquante et unique à la fois. Les Lady-Boys envahissant le Red Light et les quartiers touristiques en plein jour. Les bars innombrables sont prêts à vous faire boire jusqu’à ce qu’une crise éthylique ou une (trop?) jeune thaï vous transporte dans un monde encore inconnu.

Bangkok est cette ville où les disparités sociales ne sont que trop apparentes. Un centre- ville possédant les plus beaux immeubles à vocation financière, des hôtels plus que luxueux, des centres commerciaux à faire rougir d’envie les plus grandes capitales mondiales de la mode. Et quelques coins de rue plus loin, la détresse. Des personnes vivant dans des tentes improvisées, au bord d’une rivière tellement sale qu’elle en est noire. Qui n’ont même pas les moyens de se payer ces nouilles à un dollar dont nous raffolons devant notre auberge à chaque soir.

Oui, on y trouve de tout. Bienvenue en Thaïlande.

dimanche 30 janvier 2011

L’unicité presqu’inatteignable



Des flèches dessinées par terre indiquent aux gens dans quelle direction marcher. Ce qui est interdit est clairement affiché, et un policier n’est jamais loin afin d’assurer le respect des règles. Personne ne parle au cellulaire dans les métros, c’est interdit. Il faut garder le silence. C’est bondé et tout le monde pitonne sur son gadget high-tech, mais aucun son ne vient troubler le bruit des doigts touchant le clavier du cellulaire. J’en suis presque à retenir ma respiration, tellement je me sens de trop. Les Tokyoïtes manquent tant d’espace que la seule manière de respecter leur intimité, c’est de leur offrir le silence dans les transports en commun. C’est indescriptible, mais débarquez à Tokyo et vous saurez instantanément de quoi je parle.

Au premier regard, les Japonais ont tous l’air identique. Toujours bien habillés, pressés, bien à jour côté technologies. Et puis non, il y a quelque chose qui cloche. Parlons de ce fameux clash générationnel. Il y a les vieux, ou ces adultes dépassés qui s’accrochent aux traditions, qui sentent peser sur leurs épaules la survie de ce Japon depuis longtemps expiré. Et puis il y a cette nouvelle génération, ces jeunes, plus ou moins adolescents, qui veulent imposer leurs différences, qui ne cherchent qu’à se faire remarquer, regarder, photographier. Qui sont prêts à se déguiser en «mangas kids», des personnages mangas gothiques, et à se réunir sur un le pont Meji-Jingu seulement pour se faire voir. Et ces jeunes femmes, les unes plus belles que les autres, qui, au point de congélation, dévoilent leurs jambes et ne portent que des jupes couvrants à peine leurs petites fesses rebondies. Oubliez les souliers plats et place aux bottes et talons aiguilles à qui mieux mieux. Une manière de se vêtir, chez nous, immanquablement associée aux prostituées, mais qui, ici, incarne le style et le savoir-vivre, tout simplement. Choc culturel, vous avez dit?

Moi qui n’aime dévisager autre chose que les mâles en général, je prends ici plaisir à contempler ces nymphettes défiler comme dans un monde irréel. Je commets le «fashion faux pas» en ne respectant aucunement leurs standards de beauté minimale. Pas de poudre blanche me masquant le visage, pas de faux cils longs longs longs, pas de blush rosé animant mes joues, pas de jambes à l’air libre. Elles me regardent comme si je débarquais d’une planète différente. Peut-être ont-elles raison.

When Tokyo sleeps, she dreams in French…



Il n’y rien comme se promener dans les rues bondées de Tokyo et tomber sur une pâtisserie française qui vend des croissants au chocolats meilleurs qu’à Paris même. Et des macarons qui égalent probablement le goût de ceux vendus chez La Durée. Les magasins ou restaurants les plus chers, les plus «en vogue», portent tous des noms français. Au royaume du sushi et du sashimi, le France et ses produits brillent de tous leurs feux. Tokyo possède même sa propre Tour Eiffel, qui s’appelle «Tokyo Tower». Un tas de ferraille rouge bien moins impressionnant que l’original de Paris, mais qui attire tout de même son lot de touristes.

Ce n’est pas tant la globalisation qui entre en ligne de compte ici, mais plutôt cette fascination ouvertement affichée qu’entretiennent les Tokyoïtes envers la culture française…Ce n’est pas pour me déplaire. Moi qui suis aveuglement en amour avec Paris, je retrouve ici les éléments de base qui ont jadis gagné tout mes sens. Paris et Tokyo ne pourraient être qu’un, me suis-je surprise à penser un peu plus tôt, la bouche replie de chocolat fondant provenant d’un macaron parfaitement confectionné.

Et puis non. Le vin en moins. Le saké inonde Tokyo, alors que je ne rêve que d’un bon vin moindrement buvable. Il faudra attendre, apparemment.

vendredi 28 janvier 2011

Le Déclic

C’est assise en face d’un temple japonais, alors que l’odeur de l’encens gagne mes narines, qu’une langue inconnue chante à mes oreilles et que des jeunes femmes asiatiques les unes plus stylées que les autres défilent devant moi que je réalise pour la première fois que je suis loin de chez moi. Très loin. Oui, je suis bien à T-O-K-Y-O.
J’essaie vainement de trouver un quelconque point de repère mais il n’y en a point. J’ai souvent entendu parler de ce soi-disant choc culturel japonais, mais y ait plus ou moins cru avant mon arrivée dans le pays du soleil levant. J’ai tout de même vu du pays, me disais-je, ce n’est tout de même pas la première fois que je serai confrontée à une culture différente. Grand bien m’en fasse, j’ai eu plus que tort. Ici, tout est différent. Les coutumes. La culture. Les manières. Les habits. Le style. La nourriture. La langue. La musique. La vie, tout simplement.
Ici, je ne me lasserai pas d’observer. Je me sens comme un nouveau-né qui a soif d’apprendre mais qui ne possède pas les outils nécessaires pour y arriver. Je suis curieuse mais je manque de temps. Je ne suis pas tant fascinée par l’aspect physique de cette ville bondée, lumineuse, hyperactive, que par ses habitants qui se ressemblent tous et qui cherchent désespérément à imposer leur unicité. Derrière leur froideur apparente, les japonais cachent une gentillesse certaine, une politesse inébranlable et une ouverture d’esprit surprenante. En fait, les japonais ont beau incarner ces personnages travaillants et sérieux qui ont fait leur renommée, il y a chez chacun d’eux un mystère à percer, un aspect sauvage à explorer.
Jamais ne me suis-je sentie aussi loin d’une culture que je ne peux me satisfaire de seulement contempler. Je rêve, un jour, de m’y plonger.

lundi 24 janvier 2011

Départ

En voyage, on dit qu’il y a deux sortes de personnes: ceux qui partent pour fuir quelque chose, et ceux qui partent à la recherche d’autre chose.
Vous me demanderiez dans quelle catégorie je me situe et je ne saurais quoi vous répondre. Je vous dirais probablement que me situe dans les deux camps. Je fuis la réalité d’ici. Et je cherche tant de trucs qu’il serait trop long de vous les énumérer. Je n’ai pas envie de vous faire une liste d’épicerie que vous lirez d’un trait. Le voyage que j’entame est un peu plus profond que des mots alignés les uns après les autres. Vous allez tout découvrir au fur et à mesure, si vous décidez de me suivre dans cette aventure. Si vous décidez d’embarquer avec moi, de lire mes hauts et mes bas, de me laisser envahir votre intimité, de me permettre de voler ces instants si précieux de vos vies que je sais comptés, calculés, trop souvent à la minute près.
Je pars sans trop penser au retour. Je pars sans aucune réelle attente, sinon celle de me laisser surprendre, jour après jour, rencontre après rencontre, village après plage…Je pars l’âme en paix, l’œil éveillé, le cerveau bien allumé. Je pars le sourire aux lèvres, le cœur plein d’espoir, le corps prêt à toute éventualité.
Je pars en vous envoyant la main, le bonheur me transperçant, l’appréhension bien dissimulée, l’excitation plus ou moins extériorisée. Je pars…mais jamais à jamais.
À bientôt…en fait, à tantôt!