dimanche 30 janvier 2011

L’unicité presqu’inatteignable



Des flèches dessinées par terre indiquent aux gens dans quelle direction marcher. Ce qui est interdit est clairement affiché, et un policier n’est jamais loin afin d’assurer le respect des règles. Personne ne parle au cellulaire dans les métros, c’est interdit. Il faut garder le silence. C’est bondé et tout le monde pitonne sur son gadget high-tech, mais aucun son ne vient troubler le bruit des doigts touchant le clavier du cellulaire. J’en suis presque à retenir ma respiration, tellement je me sens de trop. Les Tokyoïtes manquent tant d’espace que la seule manière de respecter leur intimité, c’est de leur offrir le silence dans les transports en commun. C’est indescriptible, mais débarquez à Tokyo et vous saurez instantanément de quoi je parle.

Au premier regard, les Japonais ont tous l’air identique. Toujours bien habillés, pressés, bien à jour côté technologies. Et puis non, il y a quelque chose qui cloche. Parlons de ce fameux clash générationnel. Il y a les vieux, ou ces adultes dépassés qui s’accrochent aux traditions, qui sentent peser sur leurs épaules la survie de ce Japon depuis longtemps expiré. Et puis il y a cette nouvelle génération, ces jeunes, plus ou moins adolescents, qui veulent imposer leurs différences, qui ne cherchent qu’à se faire remarquer, regarder, photographier. Qui sont prêts à se déguiser en «mangas kids», des personnages mangas gothiques, et à se réunir sur un le pont Meji-Jingu seulement pour se faire voir. Et ces jeunes femmes, les unes plus belles que les autres, qui, au point de congélation, dévoilent leurs jambes et ne portent que des jupes couvrants à peine leurs petites fesses rebondies. Oubliez les souliers plats et place aux bottes et talons aiguilles à qui mieux mieux. Une manière de se vêtir, chez nous, immanquablement associée aux prostituées, mais qui, ici, incarne le style et le savoir-vivre, tout simplement. Choc culturel, vous avez dit?

Moi qui n’aime dévisager autre chose que les mâles en général, je prends ici plaisir à contempler ces nymphettes défiler comme dans un monde irréel. Je commets le «fashion faux pas» en ne respectant aucunement leurs standards de beauté minimale. Pas de poudre blanche me masquant le visage, pas de faux cils longs longs longs, pas de blush rosé animant mes joues, pas de jambes à l’air libre. Elles me regardent comme si je débarquais d’une planète différente. Peut-être ont-elles raison.

When Tokyo sleeps, she dreams in French…



Il n’y rien comme se promener dans les rues bondées de Tokyo et tomber sur une pâtisserie française qui vend des croissants au chocolats meilleurs qu’à Paris même. Et des macarons qui égalent probablement le goût de ceux vendus chez La Durée. Les magasins ou restaurants les plus chers, les plus «en vogue», portent tous des noms français. Au royaume du sushi et du sashimi, le France et ses produits brillent de tous leurs feux. Tokyo possède même sa propre Tour Eiffel, qui s’appelle «Tokyo Tower». Un tas de ferraille rouge bien moins impressionnant que l’original de Paris, mais qui attire tout de même son lot de touristes.

Ce n’est pas tant la globalisation qui entre en ligne de compte ici, mais plutôt cette fascination ouvertement affichée qu’entretiennent les Tokyoïtes envers la culture française…Ce n’est pas pour me déplaire. Moi qui suis aveuglement en amour avec Paris, je retrouve ici les éléments de base qui ont jadis gagné tout mes sens. Paris et Tokyo ne pourraient être qu’un, me suis-je surprise à penser un peu plus tôt, la bouche replie de chocolat fondant provenant d’un macaron parfaitement confectionné.

Et puis non. Le vin en moins. Le saké inonde Tokyo, alors que je ne rêve que d’un bon vin moindrement buvable. Il faudra attendre, apparemment.

vendredi 28 janvier 2011

Le Déclic

C’est assise en face d’un temple japonais, alors que l’odeur de l’encens gagne mes narines, qu’une langue inconnue chante à mes oreilles et que des jeunes femmes asiatiques les unes plus stylées que les autres défilent devant moi que je réalise pour la première fois que je suis loin de chez moi. Très loin. Oui, je suis bien à T-O-K-Y-O.
J’essaie vainement de trouver un quelconque point de repère mais il n’y en a point. J’ai souvent entendu parler de ce soi-disant choc culturel japonais, mais y ait plus ou moins cru avant mon arrivée dans le pays du soleil levant. J’ai tout de même vu du pays, me disais-je, ce n’est tout de même pas la première fois que je serai confrontée à une culture différente. Grand bien m’en fasse, j’ai eu plus que tort. Ici, tout est différent. Les coutumes. La culture. Les manières. Les habits. Le style. La nourriture. La langue. La musique. La vie, tout simplement.
Ici, je ne me lasserai pas d’observer. Je me sens comme un nouveau-né qui a soif d’apprendre mais qui ne possède pas les outils nécessaires pour y arriver. Je suis curieuse mais je manque de temps. Je ne suis pas tant fascinée par l’aspect physique de cette ville bondée, lumineuse, hyperactive, que par ses habitants qui se ressemblent tous et qui cherchent désespérément à imposer leur unicité. Derrière leur froideur apparente, les japonais cachent une gentillesse certaine, une politesse inébranlable et une ouverture d’esprit surprenante. En fait, les japonais ont beau incarner ces personnages travaillants et sérieux qui ont fait leur renommée, il y a chez chacun d’eux un mystère à percer, un aspect sauvage à explorer.
Jamais ne me suis-je sentie aussi loin d’une culture que je ne peux me satisfaire de seulement contempler. Je rêve, un jour, de m’y plonger.

lundi 24 janvier 2011

Départ

En voyage, on dit qu’il y a deux sortes de personnes: ceux qui partent pour fuir quelque chose, et ceux qui partent à la recherche d’autre chose.
Vous me demanderiez dans quelle catégorie je me situe et je ne saurais quoi vous répondre. Je vous dirais probablement que me situe dans les deux camps. Je fuis la réalité d’ici. Et je cherche tant de trucs qu’il serait trop long de vous les énumérer. Je n’ai pas envie de vous faire une liste d’épicerie que vous lirez d’un trait. Le voyage que j’entame est un peu plus profond que des mots alignés les uns après les autres. Vous allez tout découvrir au fur et à mesure, si vous décidez de me suivre dans cette aventure. Si vous décidez d’embarquer avec moi, de lire mes hauts et mes bas, de me laisser envahir votre intimité, de me permettre de voler ces instants si précieux de vos vies que je sais comptés, calculés, trop souvent à la minute près.
Je pars sans trop penser au retour. Je pars sans aucune réelle attente, sinon celle de me laisser surprendre, jour après jour, rencontre après rencontre, village après plage…Je pars l’âme en paix, l’œil éveillé, le cerveau bien allumé. Je pars le sourire aux lèvres, le cœur plein d’espoir, le corps prêt à toute éventualité.
Je pars en vous envoyant la main, le bonheur me transperçant, l’appréhension bien dissimulée, l’excitation plus ou moins extériorisée. Je pars…mais jamais à jamais.
À bientôt…en fait, à tantôt!