vendredi 15 avril 2011

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Je t’aime.

Pour tes couleurs enflammées qui réchauffent mon cœur alors que le froid s’installe.

Pour toutes ces personnes qui croisent mon chemin et me rendent mon sourire béat.

Pour la beauté que tu possède mais que tu ne dévoiles qu’à ceux qui ont la patience de la découvrir.

Pour ton mélange de styles, d’odeurs, de visages, qui s’entremêlent afin de former le plus impressionnant des mosaïques.

Pour tes festivals en pleine rue où l’art nous rattrape de tous bords tous côtés, où la joie se diffuse …

Pour tes restos bondés où l’on refait le monde soir après soir, verre après verre.

Pour ta simplicité, et ton manque flagrant de tête enflée.

Pour ton unicité et ton manque de conformité.

Pour ce que tu es, et non ce que tu pourrais être.

Montréal, je t’aime.
Et reviendrai toujours.

dimanche 10 avril 2011

Top 10 du Backpacking

1-Faire sa lessive avec du Head & Shoulders. Parce qu’il y avait une bouteille gratuite dans les salles de bains communes. Et parce que ça sent bon.

2-S’obstiner avec un vendeur ambulant sur un prix, car il ne veut pas vous accorder le rabais de 10 bath que vous vous êtes mis en tête d’obtenir. En oubliant que 10 bath, cela vaut ...30 cents.

3-Se rendre compte que vous connaissez mieux la ville dans laquelle vous venez d’atterrir que le chauffeur de taxi. Qui, d’ailleurs, ne sait pas lire une carte et vient de vous faire tourner en rond pendant 30 minutes. À vos frais.

4-Perdre toutes ses illusions face aux transports. La moto faite pour accueillir deux personnes, c’est un mythe. En Asie, au moins 4 personnes peuvent s’y entasser, sans compter le bébé qui peut être tenu dans un panier. Et le bus scolaire, ce n’est pas pour les enfants. Cela a été inventé pour transporter des poules, les légumes du marché, des boîtes de vêtements, quelques chaises, et trois personnes par banc s’il vous plaît.

5-Marcher pendant cinq heures sous un soleil de plomb, traverser une jungle, pour enfin arriver dans ce village supposément perdu…où Rihanna joue à fond. Et où l’unique restaurant du coin sert de la pizza et des frites.

6-S’habiller d’une manière telle que si on se trouvait dans notre propre pays, les gens se retourneraient et nous dévisageraient étrangement en nous voyant passer. Et se trouver cool, ainsi accoutré.

7-Votre définition de l’hygiène qui prend le bord. Manger de la nourriture de rue sans arrière pensée. Cette brochette de porc ayant passée la journée (ou la semaine?) dans une humidité accablante? Bah, une fois sur le feu, les microbes meurent…non? Et puis, les monstrueuses coquerelles qui se promènent autour ne sont pas si montreuses que cela tant qu’elles nous touchent pas, n’est-ce pas?

8-Passer six heures sur le pont d’un bateau, sous un ciel agité, dans une mer déchainée, mouillé jusqu’aux os. Arriver à son «guesthouse» et constater qu’il n’y a pas d’eau chaude. Parfois, une douche glacée, ça n’a pas de prix.


***Spécial Aussie***

9-Discuter très sérieusement avec des Australiens soûls des vertus du Vegemite (pâte à tartiner salée brune foncée à base de levure de bière) et y goûter (!!!), ce qui témoigne de votre propre niveau d’intoxication.

10-Réaliser que chaque personne qui s’exprime de manière anormalement forte dans un bar, un bus, ou au coin d’une rue, est nécessairement Australienne. Ou Canadienne(!).

samedi 26 mars 2011

La bible des backpackers


Il y en a encore pour croire que leur périple est exotique. Certains voyageurs sont encore convaincus de sortir des sentiers battus, de vivre une expérience tout à fait hors du commun, d’être originaux en quelques sortes. Désolé de jouer les rabat-joies, mais la seule chose qui reste unique, peu importe le pays où vous vous trouvez à travers le monde, c’est le regard que vous posez sur celui-ci.

Depuis l’avènement des Lonely Planet et cie, on voyage tous un peu de la même façon. On suit les mêmes itinéraires, on mange dans les mêmes restos chaudement recommandés perdus au fond d’une ruelle, on dort dans les mêmes hostels de backpackers souvent surévalués, on lit notre bible lors de trajets de bus interminables et on s’étonne encore de croiser les mêmes personnes destination après destination. Ah, j’oubliais, on se réunit tous aux mêmes bars pour refaire le monde et partager nos déceptions sur ces endroits que notre cher Lonely nous avait fait jurer de ne pas rater…et qui nous ont laissés, au mieux, tout à fait indifférents.

Ne croyez pas que je crache sur mon Lonely, que je trimballe avec moi et que je ressors systématiquement dès que je suis perdue- que j’ai besoin d’un endroit sympa pour dormir – que je suis tannée de manger aux coins des rues. Lonely Planet a su imposer une manière de parcourir le monde qui n’existait pas auparavant. Grand bien lui en fasse.

Avant l’apparition de ce guide de voyage, qui est bien plus que cela pour les connaisseurs, on partait à l’aventure, la vraie, avec en poche une carte de la région que l’on voulait visiter. Ni plus ni moins. Une fois sur place, on se débrouillait comme on pouvait. On s’adonnait au langage des signes, on essayait tant bien que mal de se faire comprendre. On ne savait pas trop où aller, mais on y allait de façon bien résolue.

Aujourd’hui, on part avec un plan plus ou moins précis en tête. On sait ce qu’on veut voir et ce qu’on veut à tout prix éviter. On connaît les places «hot», et ceux qui le sont moins. En fait, on croit tellement tout savoir qu’on oublie de se laisser surprendre. De se laisser aller, de fermer le livre, de tout simplement apprécier.

De nos jours, voyager est à la portée de tous. Ce qui l’est moins, c’est le voyage authentique. Lorsque Lonely Planet publie un volume sur l’Afghanistan, difficile de partir à la découverte de nouvelles terres inexplorées.

mercredi 16 mars 2011

Au pays des Khmer

Il y a de ces pays qui cachent des histoires atroces. Qui sont trop terribles pour être vraies. Et pourtant.

L’histoire du génocide cambodgien, mené par Pol Pot à la fin des années soixante-dix, est d’une tristesse infinie. Le quart de la population est mort sous le régime des Khmer Rouge. Un régime possédant une idéologie démente qui me laisse encore bouche bée. Qu’une population ayant passé à travers de tels événements soit si souriante, si accueillante, si heureuse, est presque irréel.

Le Cambodge demeure l’un des pays les plus pauvres au monde. La traite des femmes et des enfants est encore largement répandue. Les orphelinats débordent. Il y a encore quelques années, plus de 2% de la population était porteuse du VIH. Le Cambodge est loin d’être sorti de la misère.

Mais ce n’est pas ce qui intéresse le monde. Les touristes ne pensent qu’à Angkor Wat, à la nourriture délicieuse offertes à des prix dérisoires, aux bars où l’alcool coule à flots, aux jeunes femmes qui se vendent aux coins des rues. Tout le monde sait regarder la misère en pleine face en l’ignorant. Le plus dur, c’est de la prendre dans ses bras, se l’accaparer, pour ensuite essayer de l’éliminer.

Le Cambodge est l’endroit parfait pour commencer. Vous serez totalement charmés.

jeudi 10 mars 2011

Good Morning Vietnam!


Peuple sans réelle identité, qui cherche à s’en forger une par tous les moyens. Peuple tenant à bout de bras un pays meurtri par la guerre. Peuple sans hommes, depuis longtemps disparus sur les champs de bataille. Peuple où les femmes sont surreprésentées. Des femmes vieillies par les catastrophes de leur vie misérable, mais qui restent droites et fortes. Une force presque méchante qui perce leur regard. Une force qui les garde pliées en deux dans les champs de riz du matin au soir. Qui les pousse à transporter sur leurs frêles épaules des dizaines de kilos de fruits et légumes à travers des rues grouillantes.

Peuple pourtant si fier, où perdre la face n’est jamais une option. Où l’apparence prédomine, où la pauvreté reste cachée, presque taboue. Peuple qui ne mendie pas. Peuple qui veut tout vous vendre, à des prix toujours un peu beaucoup exagérés. Ici, la question n’est pas de savoir qui n’essaie pas de vous voler. Mais plutôt qui essaie de vous voler le moins. Car ce peuple ment un peu, beaucoup, passionnément lorsqu’il est question d’argent.

Peuple qui vit sur la mer, de la mer, pour la mer. Qui parfois ne touche jamais la terre. Peuple qui sillonne les eaux de la Baie d’Along ou du Mékong dès le lever du soleil, prêt à toute éventualité, mais surtout à pécher et à marchander. Qui parfois ne survit que grâce aux quelques barres de chocolat et aux quelques canettes de Coke vendues à des étrangers blasés.

Le peuple vietnamien, c’est cela, mais plus encore. Un peu à découvrir, à apprivoiser, à aimer. Un peuple qui ne se laisse pas apprécier dès le premier contact, mais qui sait ne pas se faire oublier. Peut-être parce qu’ils l’a trop longtemps été.

vendredi 25 février 2011

Voyager, c'est...

«Dans les moments plus difficiles, dis-toi que tu ne fais que vivre une expérience, certes désagréable, mais temporaire. Dis-toi que, tôt ou tard, tu retrouveras la normalité de ta vie, alors que ceux qui t’entourent ne connaissent d’autre quotidien que celui qui te fait souffrir au moment même.»

Quelqu’un, un jour, m’a glissé ces paroles. Des paroles qui suivent tous mes déplacements. Des paroles qui me rappellent à chaque fois la chance que j’ai de voyager. Qui permettent de tout relativiser.

Partir vers l’inconnu est certes excitant, mais n’est pas nécessairement synonyme de vacances. Non, ce n’est pas toujours une partie de plaisir. Il n’y a pas que des plages idylliques en arrière plan. Les paysages ne sont pas toujours à couper le souffle. La nourriture est parfois loin de faire honneur à sa renommée. Le Gravol devient souvent votre meilleur ami. Surtout lors d’interminables trajets d’autobus constitués uniquement de courbes au bord desquelles se dessinent des gouffres sans fond. Les imprévus sont nombreux. Les retards réguliers. Les attentes parfois interminables. Mais les gens souvent accueillants.

Voyager, c’est accepter de ne pas avoir le pouvoir de changer les choses. C’est s’adapter, quitte à le faire en rouspétant. C’est ouvrir son cœur et laisser les différences l’envahir. C’est s’asseoir au milieu d’une place bondée, se taire, écouter et observer. Et apprendre. C’est se frotter aux autres cultures et essayer de les comprendre sans juger. Voyager, c’est rencontrer des visages sans nom qui nous marquent à vie avec un sourire, une simple phrase, une belle histoire. Des personnes qui disparaissent aussi vite qu’elles sont apparues, mais qu’on n’oublie jamais.

Voyager, c’est découvrir le monde. Mais c’est surtout se découvrir. Tester ses limites, développer ses forces, enrayer ses faiblesses. Voyager, c’est vivre.

jeudi 24 février 2011

On ne peut toutes les aimer



Il y a de ces villes, de ces endroits, qui s’avèrent plus difficiles à apprécier. Qui refusent de se laisser aimer au premier regard. Des endroits qui nous pèsent, sans trop qu’on sache précisément pourquoi. Des endroits qui aspirent toute notre énergie, qui usent toute notre patience, qui nous poussent dans nos plus bas retranchements. Qui tombent peut-être au mauvais moment. Qui se présentent à nous alors que nous n’y sommes aucunement préparés.

Hanoi.

Des klaxons incessants envahissant les tympans de tous bords, tous côtés. Des motocyclettes à perte de vue n’arrêtant jamais leur course frénétique. Oubliez feux rouges, trottoirs, priorité aux piétons. Des concepts inexistants, inconnus par les conducteurs. Traverser ici se fait très doucement, sans mouvement brusque. Afin de donner le temps aux motos de vous contourner. Il faut s’élancer dans le trafic, ne pas trop regarder, surtout ne pas penser. Sans trop qu’on sache comment, on se retrouve de l’autre côté de la rue. La première fois, on se pince pour réaliser qu’on est bien vivant. Et on recommence. Sans jamais réellement s’habituer.

Un air irrespirable parce que tellement pollué. Qui irrite les bronches dès le premier contact. On en vient à jalouser les locaux et leurs masques qui couvrent systématiquement leur visage. «Excusez-moi mademoiselle, vous n’en auriez pas un de trop sur vous? J’aime bien le style voyez-vous…». Non, elle n’a pas vu. Mes poumons en ont souffert, c’est peu dire.

Un ciel si gris qu’on en oublie les autres couleurs. Parfois, il a fait gris clair. Souvent gris triste. Ce que j’aurais donné pour un peu de blanc neige.

Une agressivité papable chez les vendeurs ambulants. «You buy!!» Et sinon quoi?! Des commerçants cherchant à vous soutirer le dernier dong qui traîne au fond de votre poche. Un climat de méfiance qui s’installe vicieusement, et gâche tout. On pense être capable de ne pas généraliser. Hélas.

Mais il faut l’excuser. Elle n’a pas que cela à faire, nous séduire. Elle est occupée à rouler, s’enrichir, se mondialiser. Se bâtir une personnalité. Elle n’a pas le temps de s’arrêter, il lui faut produire et vendre. Toujours plus, plus vite.

Pourtant, on n’a qu’à lever la tête pour découvrir des beautés architecturales datant de l’occupation française. On n’a qu’à s’armer de patience pour essayer de se faire comprendre et créer des contacts. J’en ai trop manqué. Si vous y allez, soyez-en avisés.