samedi 26 mars 2011

La bible des backpackers


Il y en a encore pour croire que leur périple est exotique. Certains voyageurs sont encore convaincus de sortir des sentiers battus, de vivre une expérience tout à fait hors du commun, d’être originaux en quelques sortes. Désolé de jouer les rabat-joies, mais la seule chose qui reste unique, peu importe le pays où vous vous trouvez à travers le monde, c’est le regard que vous posez sur celui-ci.

Depuis l’avènement des Lonely Planet et cie, on voyage tous un peu de la même façon. On suit les mêmes itinéraires, on mange dans les mêmes restos chaudement recommandés perdus au fond d’une ruelle, on dort dans les mêmes hostels de backpackers souvent surévalués, on lit notre bible lors de trajets de bus interminables et on s’étonne encore de croiser les mêmes personnes destination après destination. Ah, j’oubliais, on se réunit tous aux mêmes bars pour refaire le monde et partager nos déceptions sur ces endroits que notre cher Lonely nous avait fait jurer de ne pas rater…et qui nous ont laissés, au mieux, tout à fait indifférents.

Ne croyez pas que je crache sur mon Lonely, que je trimballe avec moi et que je ressors systématiquement dès que je suis perdue- que j’ai besoin d’un endroit sympa pour dormir – que je suis tannée de manger aux coins des rues. Lonely Planet a su imposer une manière de parcourir le monde qui n’existait pas auparavant. Grand bien lui en fasse.

Avant l’apparition de ce guide de voyage, qui est bien plus que cela pour les connaisseurs, on partait à l’aventure, la vraie, avec en poche une carte de la région que l’on voulait visiter. Ni plus ni moins. Une fois sur place, on se débrouillait comme on pouvait. On s’adonnait au langage des signes, on essayait tant bien que mal de se faire comprendre. On ne savait pas trop où aller, mais on y allait de façon bien résolue.

Aujourd’hui, on part avec un plan plus ou moins précis en tête. On sait ce qu’on veut voir et ce qu’on veut à tout prix éviter. On connaît les places «hot», et ceux qui le sont moins. En fait, on croit tellement tout savoir qu’on oublie de se laisser surprendre. De se laisser aller, de fermer le livre, de tout simplement apprécier.

De nos jours, voyager est à la portée de tous. Ce qui l’est moins, c’est le voyage authentique. Lorsque Lonely Planet publie un volume sur l’Afghanistan, difficile de partir à la découverte de nouvelles terres inexplorées.

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