samedi 26 mars 2011

La bible des backpackers


Il y en a encore pour croire que leur périple est exotique. Certains voyageurs sont encore convaincus de sortir des sentiers battus, de vivre une expérience tout à fait hors du commun, d’être originaux en quelques sortes. Désolé de jouer les rabat-joies, mais la seule chose qui reste unique, peu importe le pays où vous vous trouvez à travers le monde, c’est le regard que vous posez sur celui-ci.

Depuis l’avènement des Lonely Planet et cie, on voyage tous un peu de la même façon. On suit les mêmes itinéraires, on mange dans les mêmes restos chaudement recommandés perdus au fond d’une ruelle, on dort dans les mêmes hostels de backpackers souvent surévalués, on lit notre bible lors de trajets de bus interminables et on s’étonne encore de croiser les mêmes personnes destination après destination. Ah, j’oubliais, on se réunit tous aux mêmes bars pour refaire le monde et partager nos déceptions sur ces endroits que notre cher Lonely nous avait fait jurer de ne pas rater…et qui nous ont laissés, au mieux, tout à fait indifférents.

Ne croyez pas que je crache sur mon Lonely, que je trimballe avec moi et que je ressors systématiquement dès que je suis perdue- que j’ai besoin d’un endroit sympa pour dormir – que je suis tannée de manger aux coins des rues. Lonely Planet a su imposer une manière de parcourir le monde qui n’existait pas auparavant. Grand bien lui en fasse.

Avant l’apparition de ce guide de voyage, qui est bien plus que cela pour les connaisseurs, on partait à l’aventure, la vraie, avec en poche une carte de la région que l’on voulait visiter. Ni plus ni moins. Une fois sur place, on se débrouillait comme on pouvait. On s’adonnait au langage des signes, on essayait tant bien que mal de se faire comprendre. On ne savait pas trop où aller, mais on y allait de façon bien résolue.

Aujourd’hui, on part avec un plan plus ou moins précis en tête. On sait ce qu’on veut voir et ce qu’on veut à tout prix éviter. On connaît les places «hot», et ceux qui le sont moins. En fait, on croit tellement tout savoir qu’on oublie de se laisser surprendre. De se laisser aller, de fermer le livre, de tout simplement apprécier.

De nos jours, voyager est à la portée de tous. Ce qui l’est moins, c’est le voyage authentique. Lorsque Lonely Planet publie un volume sur l’Afghanistan, difficile de partir à la découverte de nouvelles terres inexplorées.

mercredi 16 mars 2011

Au pays des Khmer

Il y a de ces pays qui cachent des histoires atroces. Qui sont trop terribles pour être vraies. Et pourtant.

L’histoire du génocide cambodgien, mené par Pol Pot à la fin des années soixante-dix, est d’une tristesse infinie. Le quart de la population est mort sous le régime des Khmer Rouge. Un régime possédant une idéologie démente qui me laisse encore bouche bée. Qu’une population ayant passé à travers de tels événements soit si souriante, si accueillante, si heureuse, est presque irréel.

Le Cambodge demeure l’un des pays les plus pauvres au monde. La traite des femmes et des enfants est encore largement répandue. Les orphelinats débordent. Il y a encore quelques années, plus de 2% de la population était porteuse du VIH. Le Cambodge est loin d’être sorti de la misère.

Mais ce n’est pas ce qui intéresse le monde. Les touristes ne pensent qu’à Angkor Wat, à la nourriture délicieuse offertes à des prix dérisoires, aux bars où l’alcool coule à flots, aux jeunes femmes qui se vendent aux coins des rues. Tout le monde sait regarder la misère en pleine face en l’ignorant. Le plus dur, c’est de la prendre dans ses bras, se l’accaparer, pour ensuite essayer de l’éliminer.

Le Cambodge est l’endroit parfait pour commencer. Vous serez totalement charmés.

jeudi 10 mars 2011

Good Morning Vietnam!


Peuple sans réelle identité, qui cherche à s’en forger une par tous les moyens. Peuple tenant à bout de bras un pays meurtri par la guerre. Peuple sans hommes, depuis longtemps disparus sur les champs de bataille. Peuple où les femmes sont surreprésentées. Des femmes vieillies par les catastrophes de leur vie misérable, mais qui restent droites et fortes. Une force presque méchante qui perce leur regard. Une force qui les garde pliées en deux dans les champs de riz du matin au soir. Qui les pousse à transporter sur leurs frêles épaules des dizaines de kilos de fruits et légumes à travers des rues grouillantes.

Peuple pourtant si fier, où perdre la face n’est jamais une option. Où l’apparence prédomine, où la pauvreté reste cachée, presque taboue. Peuple qui ne mendie pas. Peuple qui veut tout vous vendre, à des prix toujours un peu beaucoup exagérés. Ici, la question n’est pas de savoir qui n’essaie pas de vous voler. Mais plutôt qui essaie de vous voler le moins. Car ce peuple ment un peu, beaucoup, passionnément lorsqu’il est question d’argent.

Peuple qui vit sur la mer, de la mer, pour la mer. Qui parfois ne touche jamais la terre. Peuple qui sillonne les eaux de la Baie d’Along ou du Mékong dès le lever du soleil, prêt à toute éventualité, mais surtout à pécher et à marchander. Qui parfois ne survit que grâce aux quelques barres de chocolat et aux quelques canettes de Coke vendues à des étrangers blasés.

Le peuple vietnamien, c’est cela, mais plus encore. Un peu à découvrir, à apprivoiser, à aimer. Un peuple qui ne se laisse pas apprécier dès le premier contact, mais qui sait ne pas se faire oublier. Peut-être parce qu’ils l’a trop longtemps été.