lundi 14 février 2011

Dancing Queen

Impossible de ne pas la remarquer de loin. Elle possède un je-ne-sais-quoi qui fait tout son charme. Des longs cils enveloppent son regard mélancolique. Un sourire forcé toujours présent, comme si sa bouche était incapable de se reposer, d’être tout simplement neutre. Un corps dodelinant, un faible surpoids, derrière lequel se cachent des muscles renforcés par les années d’exercice. Sociable mais à peine, elle se fera plaisir de vous saluer avant de retourner dans son monde dont elle seule semble connaître les secrets. Un monde où elle bouge de droite à gauche, de gauche à droite, sans arrêt.

Elle bouge, elle bouge. Mais non, en fait elle danse, elle danse. Comme une chorégraphie mille fois répétée, pratiquée, présentée. Jamais elle ne cesse son manège. Un pas en avant, un pas de côté, le corps qui suit, et hop, on recommence. Une danse éternelle qui n’a rien de joyeux. Une danse qui la rend malade, mais qui habite ses veines.

Elle danse depuis l’âge de trois ans. Elle en a quatorze. Elle a été entraînée, forcée à danser. Dans un cirque. Soir après soir. Spectacle après spectacle. Privée de nourriture si elle refusait.

Nol-Pui est une éléphante d’une tristesse infinie. Secourue il y a trois ans, Nol-Pui continue à danser. Comme pour faire foi de ses blessures intérieures. Elle regarde dans le vide. Elle entend sûrement encore la musique dans sa tête. Ses bienfaiteurs pensent qu’un jour, elle cessera de danser. Je n’en suis pas certaine.

On dit que les éléphants ont une âme. Celle de Nol-Pui a été tuée par des humains indifférents et sans-cœur. Elle dansera toujours pour nous le rappeler.

1 commentaire:

  1. C'est triste comme histoire! J'aurai espéré qu'ils s’en étaient tous remis de leur malheurs...

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