mercredi 9 février 2011

Le conservatisme progressiste


La Thaïlande souffre d’une grave phobie des pieds (podophobie). La pire chose que vous pourriez faire, une fois débarqué ici, ce serait de vous assoir en lotus et de montrer la plante de vos pieds au premier passant. Ou de ne pas vous déchausser avant d’entrer dans un temple. Ou de pointer vos pieds vers une minuscule statue de Bouddha. Mais pire encore, vous pourriez essayer de retenir un billet de 500 baths (la monnaie thaï) avec vos pieds, ce qui équivaudrait à piler sur le Roi. Inacceptable, dans un pays ou Bouddha et le Roi sont des êtres vénérés, respectés et admirés. Cachez ces pieds que je ne saurais voir! Cette partie du corps est sale et mérite d’être dissimulée autant que possible, du moins selon la pensée des Thaï. Avis à tous ces backpackers qui seraient tentés d’accrocher leurs souliers à l’extérieur de leur sac et qui se promènraient ainsi, quitte à toucher avec la semelle sale de leur souliers des purs inconnus dans la rue. Si le royaume de Dieu vous reste peut-être accessible, soyez assurés que Bouddha ne considérera même pas votre candidature dans le royaume du Zen.

La religion et le Roi sont omniprésents. Qu’il s’agisse de temples à presque chaque coin de rue, ou des portraits du Roi affichés un peu partout, il est difficile de ne pas saisir la passion que cultivent les Thaï envers ces figures emblématiques.

Et pourtant. Il y a aussi des ladys-boys qu’on retrouve à chaque deux coin de rues. Des hommes qui ont subi des opérations, ou qui sont en plein de processus de transformation pour devenir des femmes. Il n’y a rien de plus acceptable, de plus «normal», si je puis me permettre, que cela. Des parents qui soutiennent entièrement ces transformations, qui payent pour les opérations, qui sont fiers de leur progéniture. À ce point qu’un troisième sexe existe officiellement dans la langue parlée : kathoey. Il y a une façon de saluer, de remercier, de s’exprimer, selon que l’un soit de sexe masculin, féminin, ou kathoey (transgendre). Ce n’est pas au Canada, pourtant une société considérée comme développée, qu’un tel concept serait accepté, ni même considéré. Ici, le sexe ne représente qu’un choix parfois temporel et souvent interchangeable. Aucun préjugé de ce côté.

Comme quoi un pays ne peut jamais être dépeint d’une façon unique. Parfois il est blanc, souvent noir, mais généralement gris feutré.

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